Bonjour Zazie, comment as-tu eu connaissance du dispositif Service civique ? De ta mission de volontariat en particulier ?
J’ai surtout eu connaissance de ce dispositif par le biais du bouche-à-oreille, soit au sein d’associations que je fréquentais, soit auprès d’ami·e·s qui m’en avaient parlé. J’ai fait des études de psycho. J’ai un Master que j’ai complété par un DU en Médiation artistique. Je suis particulièrement intéressée par le public sourd, donc je me suis également formée à la LSF (Langue des signes française). J’avais pris l’habitude de regarder de temps en temps les propositions de missions sur le site national (ndlr : https://www.service-civique.gouv.fr/), soit par curiosité - je regardais de temps en temps les missions en lien avec le public sourd, soit parce qu’il m’arrivait pendant mes études d’éprouver un fort besoin de concret. Et puis pendant mes études justement, j’ai entendu un intervenant spécialiste des mineurs non-accompagnés. Et là, j’ai vraiment été touchée, pour ne pas dire bouleversée. Alors en cherchant des missions de bénévolat avec ce public, j’ai pris connaissance de celle proposée à Ty Tremen.
Quelles ont été tes premières impressions à ton arrivée à l’Envol ?
Très bonnes ! L’accueil a vraiment été chaleureux, avec une équipe attentive et pleine d’attention pour les jeunes. Les éducateurs ont tout de suite été bienveillants et ont vite exprimé leur reconnaissance. Je me suis donc sentie utile très rapidement et vite à l’aise. J’avais déjà fait des stages en psycho, dans le public notamment, mais jamais je n’y ai trouvé d’atmosphère si familiale.
En quoi consistent tes missions de service civique ?
J’ai une mission de 20 heures par semaine avec un emploi du temps aménagé car, jusque-là, j’étais en même temps psychologue à Fougères. Je suis donc à Ty Tremen le lundi de 13 h à 21 h et le samedi et le dimanche de 10 h à 22 h, un week-end sur deux. Je suis avec des jeunes de 14 à 18 ans. J’interviens pour l’aide aux devoirs, les aider dans l’apprentissage de la langue française mais aussi pour les sensibiliser aux enjeux écologiques en insistant sur des actions qui permettent de faire des économies. J’aide aussi à faire la cuisine, je les accompagne à leurs rendez-vous à l’extérieur et pour faire du sport et des balades. Le champ des actions s’est réduit à cause de la COVID-19 mais j’ai quand même pu construire des affiches pédagogiques qui les accompagnent au quotidien. Comme je suis formée à la LSF, j’apporte un soutien pour faciliter les échanges avec un jeune sourd.
J’espère aussi que nous pourrons bientôt mettre en œuvre un projet vidéo que nous souhaitons construire avec une éducatrice, et une équipe de réalisation-montage vidéo. L’idée est que ce soit les jeunes qui réalisent le projet. Avec mes compétences en médiation artistique, j’envisage aussi un atelier d’écriture / slam / rap en collaboration avec une stagiaire. J’espère que ça pourra aboutir.
À quelles qualités fais-tu appel au quotidien ?
Il faut savoir faire preuve d’altruisme, d’écoute et de bienveillance. Être pédagogue pour intéresser les jeunes aux activités et à la culture par exemple. Je suis soucieuse du bien-être des autres et de les soutenir. Savoir travailler en équipe est aussi très important. Les jeunes sont très discrets sur leur parcours en général mais mesurer son empathie peut permettre de se préserver, d’accepter la complexité des relations humaines.
Qu’est-ce que cette mission t’apporte ?
J’ai découvert le public des mineurs non-accompagnés ! Leur contact me pousse à réfléchir pour appliquer ce que j’ai appris par ma formation de psychologue. « Et là, qu’est-ce que je ferais en tant que psy ? ». D’un point de vue plus personnel, je suis ravie d’être ici car j’adore Saint-Brieuc. Humainement, je m’y enrichis et je m’y sens bien. Quoi qu’on en dise, connaitre ces jeunes dans la rue, leur parler, permet d’apprendre à partager des choses avec eux et d’expliquer parfois facilement leurs accès de colère. Et puis au sein de l’équipe de Ty Tremen, il y a une dimension affective très forte. Et malgré cette période de COVID qui tend à nous isoler, elle me permet d’éprouver un bien-être et une plus grande confiance en moi.
Clémence est aussi en service civique avec toi à L’Envol. Comment ça se passe ?
Super bien. Avec Clémence, on se voit tous les lundis car le reste du temps, on est en alternance. Selon les activités et les besoins, on s’arrange pour adapter nos emplois du temps et travailler ensemble. Je suis très contente qu’elle soit là. Nous sommes tout le temps en contact pour partager le suivi des jeunes.
As-tu rencontré des difficultés dans ta mission ?
La posture peut-être, il y a un questionnement sur les limites à ne pas franchir pour respecter le NON de l’autre. Ce sujet a été abordé avec les éducatrices.
Quels sont tes projets pour l’avenir ?
Après cette mission, j’aimerais trouver un travail en tant que psychologue art-thérapeute, auprès du public sourd et/ou des mineurs non-accompagnés.
Conseillerais-tu le service civique à d’autres jeunes ?
Sans hésiter, oui ! Je l’ai déjà fait d’ailleurs. Je trouve que c’est un bon moyen d’appréhender la réalité professionnelle et le terrain sur lequel on est amené à travailler.
Y a-t-il des choses que tu souhaiterais voir améliorer ?
Concernant les formations proposées aux volontaires, je sais que c’est le contexte qui veut ça mais je ne suis pas fan des formules en visio. Personnellement, le présentiel serait pour moi plus engageant.
D’un point de vue financier, ma situation est particulière car mon service civique s’est fait en parallèle d’un emploi. Sans cela, l’indemnité du service civique à elle seule ne suffit pas à être indépendant financièrement.
J’ajouterais que selon les missions, un binôme de volontaires en Service civique apporte un soutien et permet de mener des projets plus ambitieux et plus facilement réalisables.
Un conseil pour celles et ceux qui souhaiteraient s’engager dans une mission de volontariat ?
Ne pas hésiter à se lancer ! Vous serez bien accompagné·e et tout est bien expliqué.
Si tu devais définir le Service Civique en 3 mots ?
Découverte,
Joie,
Envie.
Voir le témoignage de Sébastien Uguet, responsable de pôle à L'Envol