Rencontre avec Mohammed IBNYASSIN,  « énergique » directeur de l’association UNVSTI et administrateur de la Ligue de l’enseignement.

La Ligue : Bonjour Mohamed, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Mohammed IBNYASSIN : Français d’origine marocaine, j’ai passé toute mon enfance dans le quartier du plateau à Saint-Brieuc avec ma famille. J’en connais les moindres recoins, les visages, j’y ai forgé ma citoyenneté et j’ai ancré entre ses murs et ses rues la certitude qu’il me faudrait concrétiser une certaine vision des choses, celle qui m’anime encore aujourd’hui.
J’ai créé UNVSTI en 2002 (9 salariés aujourd’hui), non seulement parce que j’avais envie de partager ma passion du hip hop mais aussi parce que dans les quartiers on s’entend dire trop souvent que « ce n’est pas possible », j’ai souhaité montré que ton premier ennemi c’est toi, rien d’autre que toi, et que si tu veux y arriver c’est possible. C’était important de montrer l’exemple et d’être un citoyen actif, ne pas subir !

La Ligue : Et toi, quel modèle t’as inspiré ?

MI: A la fin des années 90 c’était des gens comme Zinédine zidane, la France venait de gagner la coupe du monde en 98, on parlait alors de la France « Black-blanc-beur », qui faisait notamment écho à une compagnie de danse de hip hop dans les années 80. On avait là l’exemple de toute une génération qui rendait beaucoup de choses possibles. Des gens comme Djamel Debbouze ont aussi contribué à valoriser le talent des quartiers. Le « vivre ensemble » prenait tout son sens, un principe auquel je suis fondamentalement attaché, un principe qui donne accès à l’interconnaissance tout comme la laïcité ouvre à la Fraternité.

La Ligue : Et ta rencontre avec la ligue de l’enseignement ?

MI : C’était là encore par le biais du hip hop, j’ai rencontré à l’époque Pascal Gilbert qui organisait à Paris un spectacle de « battle » de danse : JUSTE DEBOUT, devenu le plus grand rendez-vous du genre en France. Quand il est devenu par la suite Délégué général de la Ligue à Saint-Brieuc, nos routes se sont alors recroisées et nous avons décidé d’unir notre passion du hip hop et les valeurs qui nous rassemblaient pour organiser des qualifications régionales pour JUSTE DEBOUT. Je me suis petit à petit intéressé d’un peu plus près à ce qu’était la Ligue que je ne connaissais finalement que très peu, voire pas du tout. J’allais plus loin dans la compréhension de la laïcité, la Ligue m’a donné l’occasion d’en apprendre davantage, de mieux en cerner les contours. Cette laïcité « inclusive » est essentielle et donne un véritable sens à mon engagement au quotidien.

La ligue : Aujourd’hui tu es devenu administrateur de la Ligue, c’est une étape de plus que tu franchis.

MI : Oui, l’association a adhéré en 2017 et je suis entré au conseil d’administration la même année. Participer à l’animation d’un réseau était important pour moi, l’image de la Ligue et tout le travail qu’elle engage sur la citoyenneté, la laïcité, la lutte contre les discriminations, l’éducation ou encore la formation m’a beaucoup aidé à apprendre, à continuer à développer ma propre citoyenneté. Aujourd’hui encore j’écoute et j’affûte souvent mon sens politique, c’est une école de la vie pour moi !

La Ligue : Avant de nous quitter, un dernier mot ?

MI : Pour moi ce qui compte c’est l’ «énergie positive » ! Je souhaite pouvoir contribuer à l’action collective, m’inscrire avec la Ligue dans l’échange, créer des passerelles, des connexions. Je suis Berbère et il existe avec les bretons une véritable Fraternité dans laquelle je me reconnais parfaitement…il ne reste plus qu’à aller de l’avant désormais !